On se moquait volontiers des dessins de Fortuné Miras, dont il était pourtant très fier.
La plus grande partie de son travail était consacrée à l’étude des corps, qu’il peignait gros ou rachitiques, toujours difformes ; il griffonnait un oeil là où aurait dû s’enfoncer un nombril, inversait doigts et orteils, mêlait les espèces et les sexes.
Quelques heures après sa mort, Fortuné Miras eut enfin la renommée qu’il désirait, lorsque l’employé de la morgue déclara à la presse que le corps nu du peintre était couvert d’écailles, et que le pauvre homme avait marché toute sa vie avec deux pieds droits.